Ce qui vient de se passer sur le littoral Atlantique ne peut que rappeler des souvenirs douloureux à de nombreux audois. Il y a 10 ans, en novembre 1999, avant la grande tempête qui a marqué toute la France, une inondation majeure a touché le département de l'Aude, faisant de nombreux morts, en particulier dans les Basse Plaines de l'Aude. Ces inondations de février 2010 en Poitou-Charentes doivent servir d’électrochoc à tous.
En Languedoc-Roussillon, le risque d’inondations menace près de trois communes sur quatre, 720 kms de digues les protègent " ou pas " !
Le problème est permanent, récurrent, omniprésent, malgré tous les plans de prévention (PPRI, PAPI) qui rencontrent trop souvent sur le terrain une vive opposition. Face à la pression démographique, on continue à construire en zone inondable là où il faudrait cesser toute construction et cela malgré la réglementation de la Loi Littoral sur la bande des 100 mètres ou dans les zones à proximité de cours d’eau.
Le constat est alarmant, rien n’y fait ; de 1999 à 2007, d'après une étude de l'INSEE, les constructions en zone inondable ont continué à se développer au même rythme que dans les zones non inondables, voire dans certaines communes, beaucoup plus vite... Les attaques contre la Loi Littoral sont légion, le département de l’Aude n’est hélas pas en reste !
Face à cet accroissement de risques et de dégâts, il est temps de changer de politique dans ce domaine et de considérer les profondes transformations à venir.
L'évolution climatique et son réchauffement a des conséquences fortes sur le trait de côte comme en témoigne le lido de Sète qui a tellement reculé qu'il faut reconstruire la route et refaire une plage.
Le rêve de chaque français – une maison les pieds dans l'eau – et celui de tous les spéculateurs fonciers -, construire là où les autres n'ont pas réussi à avoir l'autorisation– conduit à une surexploitation des espaces et une bétonisation toujours plus près du littoral (exemple de la proposition faite en août 2008 par M. le Député Grand d’étendre la Grande Motte sur la mer !!!).
Il ne faut pas oublier non plus la préoccupante imperméabilisation des sols, qui accélère la montée des eaux, et rend parfois dramatiques des inondations quasi normales.
Avec l’artificialisation inconsidérée des côtes le même scénario pourrait se répéter. Des propositions telles qu’une application stricte des lois existantes et une redéfinition de la bande des 100 mètres en l’élargissant à 300 et l’abandon de certaines zones de peuplement afin de protéger les personnes et leurs biens semblent pour le moins raisonnables. Il est indispensable de laisser se recréer les zones humides comme espaces tampons afin de permettre à la biodiversité de se régénérer.
Il est absolument nécessaire de bâtir un plan stratégique basé sur la cartographie des risques (naturels et industriels) dans toutes les zones sensibles sur l’ensemble du département.
Combien faudra-t-il de nouvelles catastrophes pour qu’enfin les lois et réglementations relatives à l’urbanisme et à l’environnement soient enfin respectées et appliquées dans notre département ?
Narbonne, le 04/03/10
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