Y a-t-il ou pas de plan de prévention des risques d’incendies de forêts sur notre ville ? Eccla, après l’incendie des Hauts de Narbonne, jette un pavé dans la mare. Explications.
Après le terrible incendie survenu sur les Hauts de Narbonne le 10 septembre dernier, l’association Écologie du Carcassonnais, des Corbières et du littoral audois (Eccla) remet la question sur le tapis. Elle s'interroge sur l’existence ou non d’un plan de prévention des risques d’incendies de forêts sur la commune de Narbonne, étendue sur 173 km2. La ville est concernée par les massifs boisés de Fontfroide et de la Clape, et une partie boisée à l’Ouest plus une plus au Sud, proche du littoral.
"Nous nous en étions émus en 2021 sans jamais avoir de réponse, explique le président d’Eccla Christian Crépeau. Nous sommes très inquiets, car le réchauffement climatique accentue la sécheresse. Malgré l’immense courage des sapeurs-pompiers et l’importance des moyens déployés par le SDIS11, malgré les efforts faits depuis quelques années avec les vigies, et la multiplication des patrouilles, le risque s’accroît d’année en année. Par ailleurs, la recherche des causes n’est plus une priorité de la gendarmerie, faute de moyens à y consacrer. Il est urgent que les services de l’État élèvent la question de la prévention des feux de forêts au sommet des priorités, mettent enfin en application les recommandations du Plan départemental de protection des forêts contre l’incendie 2018-2027 et tiennent compte des demandes de notre association. Nous allons en demander l’évaluation à mi-parcours."
Un tel document administratif, intitulé PPRIF, édité par les services de l’État en lien avec les communes, impose en effet de nombreuses contraintes, tant urbanistiques qu’en termes d’aménagement et de travaux à réaliser, dont le débroussaillement. Sur le périmètre, des zones urbanisées ou ouvertes à l’urbanisation sont touchées par le risque incendie de forêts, ainsi que d’importantes voies de transport : les autoroutes A61 et A9, la voie de chemin de fer et les nationales 6009 et 6113. Des incendies ont marqué les habitants, notamment en 2012, 2013, 2016 et 2017 ayant touché les Hauts de Narbonne, au même endroit que celui de la semaine dernière. Des maisons ont été endommagées, des véhicules détruits, et des riverains et des sapeurs-pompiers avaient été précédemment victimes d’intoxication par les fumées.
"Ce n’est pas le SDIS qui décide de l’élaboration d’un tel plan, explique Christian Raynaud, le président du Service d’incendie et de secours du département. Nous travaillerons étroitement avec, dans le cadre de l’élaboration d’un éventuel PPRIF. C’est aux collectivités et au préfet de prendre la décision d’en lancer un. Ce sont de sérieuses contraintes."
La commune, située dans le Parc naturel de la Narbonnaise, est un réservoir de biodiversité. Elle est en effet concernée par des zones Natura 2000 et des zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique avec de nombreuses espèces d’oiseaux, de reptiles, d’insectes, de chiroptères et de plantes recensées.
"Il y a un plan établi au niveau départemental et un plan communal de sauvegarde porté par la commune", explique-t-on du côté de la préfecture de l’Aude.Or la Ville souligne de son côté : "Le PPRIF doit être initié et financé par l’État". Au niveau communal, ce plan de sauvegarde, qui liste l’ensemble des risques majeurs, organise, sous l’autorité du maire, la préparation et la réponse au profit de la population lors des situations de crises. S’agissant du risque incendie, il délimite, carte des superficies boisées à l’appui, l’ampleur du risque et insiste sur l’obligation du débroussaillement tout en délivrant des consignes de sécurité. "Un plan trop succinct, incomparable avec un PPRIF en termes d’efficacité, pour Eccla qui conclut. Manque de volonté politique ou de moyens ?"
https://www.risque-prevention-incendie.fr/aude/index.html
Publié le 20/09/2024 à 07:01
Véronique Durand L'Indépendant