Une étude du Conservatoire du Littoral apporte la preuve des bienfaits de l’interdiction de la circulation et du stationnement et de la création d'un accès dédié.
Cette étude, publiée en mars 2022 et dont nous avons déjà parlé, fait le bilan des changements positifs intervenus sur cette plage de 2015 à 2021, après la mise en conformité de cette plage vis-à-vis de la Loi Littoral.
L’étude rappelle en page 4 : « L’application de la loi « Littoral » et de la loi sur les Véhicules Terrestres à Moteur dans les espaces naturels constitue un enjeu historique en Narbonnaise. Après les actions conduites sur les communes de Fleury, Leucate et Narbonne dans les années 90, qui avaient permis d’avancer vers cet objectif, la plage de la Vieille-Nouvelle, constitue le seul segment du littoral audois à avoir été mis en conformité avec la loi durant ces 10 dernières années ».
Elle constate un retour et une extension de tous les habitats faunistiques et floristiques d’intérêt communautaire. Elle précise en page 7 que « la cartographie des habitats d’intérêt communautaire réalisée en 2021 présente un fort contraste avec celle de 2015. Elle identifie la totalité de la plage comme habitat d’intérêt communautaire (replats boueux ou sableux exondés à marée basse ; salicornaies des prés salés méditerranéens ; prés salés méditerranéens des hauts niveaux ; steppes salées méditerranéennes ; dunes mobiles embryonnaires méditerranéennes ; dunes fixées du littoral méditerranéen).
Elle observe que le site est devenu attractif pour différentes espèces patrimoniales d’oiseaux (notamment le gravelot à collier interrompu), plusieurs types de coléoptères de dunes (p.8 et 9).
L’étude a également constaté « que l’arrêt de la circulation motorisée permet une renaturation du cordon dunaire, en particulier, grâce aux laisses de mer qui s’accumulent (coquillages, bois flottés…) et favorisent la fixation du sable, la formation de dunes embryonnaires, le développement de conditions favorables pour la végétation pionnière et différents cortèges entomologiques » (p.10).
L’étude a établi la présence d’un nombre exceptionnellement élevé d’espèces végétales d’intérêt patrimonial notamment le Statice diffus (Myriolimon diffusum). Elle indique que « d’autres espèces de limoniums qui cumulent divers statuts de protection et des inscriptions sur les listes rouges de la flore mondiale ou de la flore française, sont également présentes comme le Statice de Companyo (Limonium companyonis) ou le Statice de Legrand (Limonium legrandii) pour ne citer que les plus exceptionnels. Sur les petites buttes du haut de plage et sur les digues des salins, le Limoniastre, encore appelé Grand statice (Limoniastrum monopetalum), est abondant et constitue des fourrés denses, rares en France et en Méditerranée » (p.11).
Les conclusions concernant les premiers effets de l’arrêt de la circulation des VTM sur la plage et l’arrière-plage, et de la diminution de la fréquentation dans la partie nord de la plage (grau de la Vieille nouvelle) sont limpides (p.16) :
- "Pour la dynamique sédimentaire et dunaire : diminution du tassement du substrat par les véhicules, diminution des zones piétinées, remise en mouvement des sédiments, formation de dunes embryonnaires.
- Pour la dynamique écologique : réduction de la fragmentation des habitats et de la destruction d’habitats pionniers, réduction de la collecte de bois flotté, accumulation de laisses de mer favorisant la fixation du sable, développement de la végétation pionnière, renaturation du cordon dunaire, dynamique des habitats de l’arrière plage, conditions favorables à la nidification des laro-limicoles, développement de différents cortèges entomologiques, site devenu propice au développement de la Grande nacre et site potentiel de nidification pour les tortues marines caouannes.
- Pour la qualité paysagère du site : vaste espace de nature préservée, plage parmi les plus sauvages du littoral audois, ambiance de « bout du monde », rare sur le littoral méditerranéen français".
Le document ajoute que "le bilan permet également d’apprécier les effets de l’arrêt de la circulation des VTM sur la plage, sur sa fréquentation et l’évolution des usages : une plage facilement accessible depuis l’aire de stationnement, attractive en toutes saisons, ouverte à tous, accueillant chaque année plusieurs dizaines de milliers de baigneurs, promeneurs, ou pratiquants de sports de glisse dans une ambiance de nature préservée".
Un bilan extrêmement positif au bout de 5 ans seulement qui fait dire à ECCLA : "Pourquoi ne l'a-t-on pas fait plus tôt, pourquoi faut-il tant batailler pour rendre les autres plages conformes?".