En préambule, quelques remarques :
Il est anormal que les citoyens consultants ne soient pas informés directement du lien essentiel entre ces deux enquêtes.
La partie du site concerné du plateau de Leucate se situe dans un périmètre particulièrement protégé. Un rappel rapide s’impose : c’est un site inscrit, soumis à un DOCOB Natura 2000 validé en 2008, sur lequel se trouvent une ZNIEFF et une ZPS d’intérêt communautaire annexe 1 de la directive européenne : http://www.parc-naturel-narbonnaise.fr/documents_en_ligne/natura_2000/docob_plateau_de_leucate_vol1.
La Loi Littoral s’y applique ainsi qu’une ZPPAUP.
Il est utile de rappeler que l’objectif d’un DOCOB est, entre autres, d’assurer le maintien de la biodiversité, la préservation des espèces protégées, des habitats naturels tout en maintenant et/ou maîtrisant les activés présentes sur le site. La gestion et la maîtrise de la fréquentation est l’objectif 1.1 de ce DOCOB.
C’est un élément essentiel pour ce site déjà très dégradé.
Une large opération de décabanisation a lieu sur ce site et devrait y être respecté le principe d’inconstructibilité.
L’implantation d’une activité commerciale induite par la création d’un restaurant est contraire à cet objectif.
Ce projet porte atteinte au site et ne permettra pas, contrairement à ce qui est annoncé dans l’étude d’incidence un retour à l’état initial, de par notamment les destructions du milieu qu’il induit. Il ne s’agit en aucun cas de réhabilitation mais bel et bien d’un nouveau bâtiment (modification du SHON et de la hauteur), s’appuyant sur le prétexte d’un point d’accueil du public au RDC.
Plusieurs remarques :
Cela accroîtra donc la pression automobile notamment à des moments où elle n’existait pas (le soir particulièrement). Quid, de plus, de la gestion des visiteurs lambda venus se promener ? Au lieu de gérer, par des parkings en amont, le stationnement anarchique dans des espaces naturels protégés voisins (jusqu’à 150 véhicules constatés un dimanche de printemps par exemple).
Tout cela ne va dans le sens de la gestion de la fréquentation prôné dans le DOCOB.
Il est illusoire de croire que celles-ci seront protégées des lourds travaux de destruction et d’aménagement par des barrières ou des filets.
De plus, les études de recensement ont été faites lors de l’élaboration du DOCOB et datent également de 2003. Des stations de violettes ont été repérées ces derniers jours par des botanistes non seulement du côté droit intra-muros déjà mentionnées dans l’étude d’incidence mais également juste en face du bâtiment principal et quelques pieds de côté gauche. Elles seront donc détruites.
Il est donc indispensable demander une expertise et un état des lieux récents tant pour la faune que pour la flore. Cela naturellement avant toute décision.
L’implantation d’un restaurant sur ce site exceptionnel serait un grave précédent, une décrédibilisation des mesures de protection et des lois, et pourrait à plus ou moins long terme déclencher l’ouverture d’une boîte de " pandore " aiguisée par différents " appétits ".
En conséquence ECCLA vous demande, Monsieur le Commissaire-Enquêteur, d’émettre
un avis très défavorable à ce projet de restaurant.
Une réhabilitation légère des locaux existants (sans démolition des murs d’enceintes ni création d’étage) afin de créer un point d’accueil et d’information du public, avec l’installation de toilettes et de poubelles pourrait être envisagée. L’aménagement de la tour en observatoire permettrait de trouver une utilisation " positive " de cette " verrue " paysagère. Des barrières de canalisation pourraient gérer la fréquentation ainsi que la création d’un sentier balisé en bord de falaise.
Ces mesures répondraient aux objectifs établis de gestion de la fréquentation de la falaise de Leucate. Elles devront être accompagnées par la création d’un poste de garde.
Dans ces conditions de strict respect des mesures inscrites au DOCOB, ECCLA vous demande,
Monsieur le Commissaire-Enquêteur, d’émettre un avis réservé au projet de centre d’accueil.
Pour ECCLA
Christine Roques
Chargée des espaces naturels
Leucate, le 29/03/11