" Et vous que connaissez-vous des pesticides ? " : un homme puis une femme dans leur cuisine nous posaient cette question en février dernier dans la grande campagne de pub de l’UIPP (Union des Industries de la Protection des Plantes, pour ne pas dire de Production de Poisons). Les pêcheurs des étangs narbonnais ont pu répondre qu’ils en connaissaient l’empoisonnement de l’eau et des poissons, et maintenant les Biterrois et les Audois peuvent ajouter qu’ils en connaissent les odeurs suffocantes.
Toute la journée de lundi, l’air a été pollué par les fumées de l’incendie de l’usine SBM à Béziers. " Sans aucun risque " bien sûr, nous ont répété sur toutes les ondes le capitaine des pompiers, le Directeur du cabinet du Préfet, le Maire de Béziers ou l’industriel. Mais personne ne nous a dit quels produits ont effectivement brûlé dans les 1000 tonnes détruites.
Rappelons-nous les années 80 : la " SBM " s’appelait alors la " Littorale " et appartenait à Union Carbide, qui y fabriquait le même produit qu’à Bhopal, l’isocyanate de méthyle. Cela fit grand bruit à l’époque, et un jeune journaliste de Béziers, Robert Ménard (oui, celui de Reporters Sans Frontières), s’y illustra jusqu’à une mémorable émission de Droit de réponse de Michel Polac.
N’oublions pas non plus que la France est le deuxième consommateur de pesticides au monde, et que les stocks de poisons, comme à Port La Nouvelle ou à Béziers, il y en a aussi à Sallèles d’Aude (sous le nom anodin d’Entrepôts Du Narbonnais ", mais c’est un site Seveso), ou à Aigues-Vives, Saint Gilles et Salindres dans le Gard, sans compter les dépôts de pesticides dans toutes les grandes coopératives agricoles.
ECCLA demande que les autorités informent rapidement la population sur la nature des pesticides qui ont brûlé et des produits de combustion qui se sont retrouvés dans les fumées. Et surtout ECCLA souhaite la réduction de l’utilisation de ces produits qui nous polluent à leur fabrication, à leur stockage et à leur épandage, et le développement enfin massif d’une agriculture biologique, sans pesticides et vraiment durable.
Narbonne, le 28 juin 2005
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